Lettre 1 – juin 2023

A partir d’octobre, nous publierons régulièrement une lettre d’information de l’association Huperiôn, en lien avec notre journée du livre et de la spiritualité. La lettre n°2 viendra en octobre. Nous évoquerons la création de l’association Huperiôn et la prochaine journée qui aura lieu le mercredi 1er mai 2024. les adhérents de notre toute jeune association recevront cette lettre. Pour ceux qui n’ont pas reçu cette première lettre, la voici:

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Olivier de Lagausie

La Naissance d’Huperíôn

Chers amis

Pour la seconde année, l’abbaye Notre-Dame de Fontaine Guérard a accueilli, dimanche 23 avril, notre journée du livre et de la spiritualité, Huperiôn 2023. On ne peut souhaiter meilleur lieu que cet écrin de verdure, de silence et de sérénité, ces pierres vivantes et leur mémoire, pour cette journée de rencontres et d’échanges autour de la spiritualité. Une spiritualité que nous souhaitons à la fois multiple, accessible à tous, et respectueuse des différentes traditions. Qu’elles soient religieuses ou philosophiques, elles doivent parler à chacun de nous, quel que soit notre chemin, qu’il soit celui du débutant ou du plus exigeant. La spiritualité portée par un souffle subtil parle à cette fine pointe de notre âme, celle qui n’a que faire de l’intellect, du dogme, pourpénétrer librement notre cœur et lui parler dans une douce intimité, loin du bruit du monde, se préservant aussi des chemins trop personnels. Cette rencontre entre un lieu et un désir partagé par une équipe a fait naître une volonté de pérenniser ces instants précieux, à la fois conviviaux et profonds. Cette proposition associant le livre, la parole, l’expérience, l’émotion, à travers des auteurs, des conférenciers, la pratique, la musique, les œuvres artistiques, est apparue à beaucoup tout à la fois comme nécessaire, précieuse et rare. Cela, c’est le fruit d’une rencontre qui a eu lieu, certes, mais qui a su prendre corps, grâce à tous ceux qui se sont associés pour faire exister cette journée, ceux qui sont venus, de loin même, pour se conjuguer, pour donner vie, et dire, par les mots, par la joie, que c’était bien. Que c’était beau. Et qu’il fallait continuer. Alors, nous allons essayer de le faire, de continuer sur cette même ligne, tout en nous réinventant. Une année après l’autre.

Avec Jean-Yves Leloup

Lors de cette seconde édition, nous avons eu la chance et l’honneur d’accueillir parmi nous Jean-Yves Leloup. Ceux qui ont participé à cet atelier de méditation dans la fraîcheur matinale en garderont un souvenir profond et puissant. Oui, quel moment rare ! Puis, sa conférence en début d’après-midi a rassemblé un public nombreux, mais écoutant d’une seule oreille, avec un cœur battant au même rythme. Voilà bien ce que l’on appelle une communion. Communion à l’écoute d’une parole qui sait nous parler et nous pénétrer. La magie de Jean-Yves Leloup est bien cette capacité à rencontrer chacun de nous dans nos différences, mais en reconstruisant cette unité. Être un et pluriel : quelle belle expérience. Il ne s’agissait pas que de mots, car, lors des questions posées, on a demandé : « oui, mais, pratiquement, comment on fait ? » Alors, Jean-Yves Leloup est passé à la pratique : « Eh bien nous allons faire, là, maintenant. » Et l’auditoire a compris que les mots annonçaient l’expérience intérieure, là où germent les vraies certitudes. Il faut ajouter aussi la présence de Jean-Jacques Lemêtre, inclassable musicien, grand maître de la musique de scène. Ses notes si subtiles, distillées par des instruments incroyables, ont donné aux paroles une puissance inouïe. Ces mots, quand leur écho allait s’évanouir dans nos oreilles, dans cette conférence paraissant s’achever en entrant peu à peu dans le silence et la méditation, ont subitement explosé au plus profond de nous, décuplant leur message. Cela, il fallait le vivre. Absolument.

Et autour de Jean-Yves Leloup

D’autres conférenciers nous ont permis d’approfondir le thème de cette édition :« L’arbre ». Que dit l’arbre à notre spiritualité ? Quelle place pour la nature, la création ?Nadim Ghodbane a présenté son livre« L’islam face au défi écologique ». L’islam, il s’agissait de la voie soufie, chère à l’auteur. C’est aussi une spiritualité à découvrir et qui s’inscrit naturellement dans notre vie, au même titre que les autres, car son langage ne nous est pas étranger. Sylvie Monpoint nous a parlé de l’arbre quand il murmure à l’oreille des hommes, Paule Amblard, présidente de cette journée nous a plongés avec délice dans ce Moyen-âge chargé de subtiles richesses, Daniel Berghezian et sa poésie et, la journée s’est achevée avec les merveilleux contes persans lus par Leïli Anvar, accompagnée musicalement par Jean-Jacques Lemêtre, étonnante et merveilleuse complicité pour sublimer la poésie et la gaîté.

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Olivier de Lagausie

Huperíôn 2024

L’aventure continue

L’an prochain, Huperiôn reviendra à l’abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard, grâce à la généreuse hospitalité d’Olivier Monpoint, son propriétaire, son dévoué servant. Merci à lui de nous offrir ce lieu sacré l’espace d’une journée. Les éditions Lazare et Capucine seront encore là, car cette maison défend, avec sa collection « Spiritualités », ce combat pour promouvoir cette spiritualité-là. Et puis, nouveauté, nous vous annonçons la naissance imminente de l’association « Huperiôn » qui va regrouper les énergies, la vôtre, la nôtre, pour que ce salon prenne corps davantage et continue son chemin. Tous ceux qui voudront nous rejoindre, dans ce même esprit, particuliers, auteurs, artistes, seront les bienvenus dans cette association, alors, n’hésitez pas et adhérez !

« Venez et construisez avec nous »

Le mercredi 1er mai prochain, retrouvons-nous à ND de Fontaine-Guérard, pour une troisième édition. Le thème retenu est « Féminin et spiritualité ». Notre invité d’honneur sera monseigneur Martin Laplaud, évêque primat de l’Église Orthodoxe Française. Nul doute que sa présence illuminera cette journée. Il nous proposera un temps de pratique de la méditation, dans l’orientation de la prière apprise des moines de l’Athos, ce temps de méditation-prière dans le souffle, tradition millénaire dans la pure spiritualité. Sa conférence abordera un personnage majeur et si étonnant de la spiritualité chrétienne, une femme d’il y a deux mille ans et d’aujourd’hui : Marie-Madeleine ou Myriam de Magdala, pécheresse ou égale des apôtres, apôtre des apôtres par cette place majeure que lui adonnée Jésus. Et, à travers ce personnage rayonnant, nous évoquerons aussi la place de la femme dans l’Église, dans les Églises, car, à l’évidence, c’est un sujet qui fait débat, un chemin difficile, complexe, timide, certes, mais qui va avancer, car le siècle ne pourra pas en faire l’économie. Peut-être me chargerai-je de ce sujet délicat.

« Retenez la date : 1er mai 2024

Féminin et spiritualité »

Nous entendrons encore avec plaisir Paule Amblard, et Sylvie Monpoint. Et la musique à nulle autre pareille de Jean-Jacques Lemêtre. Ce préprogramme sera à affiner. Nous avons le temps. Quelques artistes viendront exposer. Probablement, aurons-nous aussi une exposition d’icônes, ces lumineuses fenêtres sur l’infini. Côté nourritures terrestres, Éric, notre ami et cuisinier préféré, nous régalera une fois de plus de ses plats délicieux. D’ici-là, nous maintiendrons le lien avec vous, via une lettre trimestrielle (inscrivez-vous pour la recevoir), les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) et, bientôt, nous l’espérons, un site. N’hésitez pas à nous communiquer vos remarques, vos idées et vos envies. Elles sont nécessaires. Et bienvenues…. À bientôt !


Un Livre … Une Auteure

LA CHAMBRE DE L’ÂME

Bien sûr l’histoire humaine est belle : Atteinte d’un cancer violent qu’elle soigne à l’institut Curie, Marion est soutenue par sa sœur Rose. Historienne de l’art, celle-ci la visite chaque jour dans sa chambre d’hôpital. Plutôt que de ruminer leur tristesse, Marion et Rose entreprennent ensemble la lecture d’un manuscrit enluminé du Moyen Âge écrit par un moine, Guillaume de DigullevilleMais la magie est aussi et surtout celle de ce texte mystérieuxLe pèlerinage de l’âme humaine, riche d’images symboliques et qui raconte le voyage de l’âme après la mort, et la très belle exégèse qu’en fait Paule Amblard. Que se passe-t-il après le trépas ? Comment l’âme se libère-t-elle pour aller vers le divin ? Que va-t-elle rencontrer dans son chemin vers la lumière ? Extrait : « Je reconnus mon propre corps. J’avais envie de lui crier toute ma colère : »Ah ! Te voilà pourriture. Je ne serai jamais assez vengé de toi. Tu m’as poussé dans les chemins tordus. A cause de toi je souffre le feu du purgatoire. » Mon corps se releva fièrement et dit : « Tu es bien mal venu de m’injurier. Si je suis ainsi puant et pourriture, c’est par ta faute. Dès que je suis sorti du ventre de ma mère, tu t’en es pris à moi. Je te fus donné à gouverner. Tu as été mon maître et tu as fait ce que tu as voulu. Je suis passif, tu es l’action… » 

Paule AMBLARD

Paule Amblard est historienne de l’art spécialisée dans l’art chrétien du Moyen-Âge, écrivaine et

conférencière. Elle est surtout exploratrice de l’invisible et guide précieux dans la forêt mystérieuse des symboles du Moyen-âge. Elle a enseigné pendant plusieurs années, à l’École cathédrale de Paris, spécialisée dans l’enseignement de la pensée chrétienne. Paule Amblard écrit aussi pour différents

journaux et revues : Le Monde des religions,Le Monde de la Bible, Témoignage chrétien et Magnificat. Elle collabore à l’écriture et à la réalisation de productions sur des thèmes bibliques et la vie des saints destinés aux enfants.

 

Bibliographie

-Célébration de la rencontre (Frédérique

Hébrard-Paule Amblard) (Albin Michel 2002)

-Un pèlerinage intérieur (Albin Michel, 2009)

-L’Apocalypse de saint Jean illustrée par la tapisserie d’Angers (Diane de Selliers, 2017).

-Les Triomphes de Pétrarque illustrés par le vitrail de l’Aube au XVIe siècle (Diane de

Selliers, 2018).

-Les Enfants de Notre-Dame (Salvator 2021)

 

A la rencontre de nos auteurs… et de nos Artistes

Muriel Odoyer

Parce que l’on est au temps

Danseurs du bout du monde

Dans une valse effrénée

Coureurs de mappemonde

Parce que la vie s’échappe

En brusques avancées

Ou en longues traînées

Que l’on happe

Sans fin, avant de retomber

Dans la seconde d’après

Je veux glisser mon coeur

Au-delà de ces heures

Prendre l’instant voilé

Comme une douce échappée

Où le regard s’attarde

Entre chaque seconde

Construisant une rambarde

Où contempler le monde

(Extrait de « Cette façon d’être au monde »)

 C’est Bien à cela que nous invite la spiritualité, un autre rapport au monde et au temps. Son cap, dire au monde la beauté de la vie en tissant des mots simples, dans un élan spontané. Dire la force de l’amour et des énergies qui nous entourent, de la nature dans sa générosité et sa magnificence. Oui, c’est peut-être la poésie qui sauvera le monde…

Muriel Odoyer est membre de la Société des Poètes Français, membre de la Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie, trésorière de l’Association des Écrivains de Bretagne et fait partie de l’Association des Écrivains Combattants. Elle signe ici son quatrième recueil de poèmes après une trilogie consacrée aux poèmes de l’âme : Poèmes pour guérir l’âme (2018), Poèmes pour fleurir l’âme (2019) et Poèmes pour grandir l’âme (2020).

 

Éric Catherine

Photographe implanté en Normandie, dans l’Eure, Eric Catherine a présenté durant la journée du livre et de la spiritualité quelques-unes de ses très belles photographies. L’arbre étant la thématique du salon, c’est autour de ce sujet qu’il a choisi les clichés exposés. Mais le végétal n’a pas le monopole de son objectif et il est attiré aussi par les vieilles pierres et l’âme des monuments. En 2021, il a travaillé activement à la réalisation d’un nouvel ouvrage qui présente quelques curiosités, légendes et anecdotes de l’Eure et de la Seine-Maritime, publié sous ce titre : Histoires en Normandie. En 2022, il prépare le Tome 2 sur les trois départements du Calvados, de l’Orne et de la Manche à paraître en fin d’année. Avec ces activités, il réunit ses trois passions : la photo, les livres et la randonnée et il nous offre de jolis parfums de vie.


 

Sylvie Monpoint

L’Abbaye de Fontaine Guérard

Visite en rêverie

Dans la verte vallée de l’Andelle, en un lieu confidentiel et enchanteur, situé sur la commune de Radepont, dans l’Eure, se tient une noble Dame : l’abbaye Notre-Dame de

Fontaine Guérard. Sa source guérisseuse efface les mauvaises plaies s’attardant sur la peau, tandis que ses arches de pierres et ses jardins soignent les maux de l’âme. En 1135, une poignée de femmes, des sœurs bénédictines, s’installent sur le site et la première pierre est posée en 1190. Cette communauté sera, rattachée, en 1207 à l’ordre de Cîteaux. La grande Dame a traversé les temps et, malgré les violences des hommes, elle demeure, sereine et chargée de mystère, dans son bucolique écrin végétal. C’est du pont qui enjambe l’Andelle, frétillante rivière promise à la Seine, que se fait la première rencontre. Au-delà d’un vaste plan vert, tondu de frais et bordé d’aulnes, de saules et de fleurs champêtres, la longue bâtisse des moniales prend ses aises sur presque toute la largeur du terrain. Par ses grandes ouvertures en arc brisés, elle semble sourire au voyageur mais, nul ne peut s’y tromper, c’est bien elle la maîtresse du lieu. Apres avoir franchi la porterie par la plus petite ouverture, l’autre étant réservée au passage des charrettes, après avoir longé le bras d’eau issu de la source en promettant d’y revenir plus tard s’adonner à quelque méditation, on rejoint l’imposant bâtiment. Campé sur ses appuis, il offre au regard, à gauche, la salle capitulaire où les fines colonnettes dansent avec les ogives jusqu’à rejoindre la clé de voûte ornée de feuillages. A droite, la salle de travail plus austère, lourde d’humidité et des longues heures de labeur penchées sur les travaux de couture. Mais voici l’escalier, massif, imposant, presque aussi vertical que l’échelle de Jacob. On le regarde avec respect avant de s’y risquer. Il mène au dortoir des moniales occupant tout l’étage du bâtiment. La charpente, impressionnante nef renversée, attire puissamment le regard qui se pose ensuite sur les fenêtres lancettes. Chacune d’elle s’étire du mieux qu’elle peut vers le ciel et se fait mémoire de la cellule étroite où la sœur venait, après une longue journée de labeur et d’oraison, rejoindre sa paillasse. Fidèlement accolée au bâtiment des moniales, se tient la haute église, fière et digne, quoiqu’en grand désarroi. Elle a perdu son portail et une importante partie de son toit Seules les ogives du chœur ont résisté et s’agrippent avec une foi ardente à leur clé de voûte pour protéger, coûte que coûte, ce lieu sacré. Carcasse de baleine échouée en ces côtes normandes, l’église laisse le soleil, la pluie et les vents balayer ses entrailles. Et pour la consoler, à son seuil, deux arbres étonnants, deux amants, un pin et un marronnier, serrés l’un contre l’autre, enlacent leurs branches et mêlent leurs feuillages en un seul et même houppier. Un peu à l’écart, une petite chapelle anguleuse s’appuie discrètement sur le mur de clôture au nord de la propriété. Elle n’est pas du même monde, pas de la même époque et c’est avec timidité qu’elle affiche ses ornements gothiques incontestablement flamboyants, tandis qu’à ses côtés un cellier troglodytique s’enfonce en silence dans les profondeurs de la terre. Au-delà du charme et de la puissance des constructions de pierre blanche, ce sont les jardins et l’eau qui donnent à ce lieu toute sa magie. Mais je sens les premières gouttes, des gouttes lourdes, aux hanches larges, entêtées. Mieux vaut rentrer. Une autre fois, je vous conduirai au jardin…


Actualités de l’Abbaye de

Fontaine Guérard

16-17 septembre : Journées du patrimoine et fête de l’osier, stages vannerie, poterie, calligraphie, des savoirs à redécouvrir.